CLAUDE SIMON :
UNE EXPERIENCE DE LA COMPLEXITE
Colloque international - Nice, 6-8 octobre 2016
Quel amateur de Claude Simon n’a été confronté à une réaction de lecture qui souligne la résistance, la difficulté, voire l’illisibilité de son œuvre foisonnante ? Simon évoquait déjà dans son Discours de Stockholm « les griefs qui [lui] ont été faits d’être un auteur "difficile", "ennuyeux", "illisible" ou "confus" » – bien que lui-même se soit dans certains entretiens défendu d’« écrire des choses compliquées ».
Ce colloque international, soutenu par deux laboratoires (l'UMR BCL et le LIRCES), ainsi que par l'Association des Lecteurs de Claude Simon, tentera de faire droit à ce type de réception, en le confrontant à la notion de complexité. Il réunira une trentaine de chercheurs français et étrangers pour croiser deux approches dont on attend une confrontation féconde : l'approche littéraire et l'approche stylistique et linguistique.
Plus que compliqués, les récits simoniens sont sans doute complexes ; et s’ils sont parfois perçus comme difficiles, c’est peut-être que « les textes qui imposent ou requièrent des parcours interprétatifs complexes, non-connexes, ramifiés, indéfinis, en boucle, [sont] rejetés comme illisibles, ou normalisés » (F. Rastier). Nous entendons explorer la productivité herméneutique de la notion de complexité pour cette œuvre, que celle-ci s’appréhende au niveau de la perception du monde, de la composition des textes simoniens ou encore de leur réception.
La complexité peut être provisoirement définie comme le fait qu’un ensemble (textuel) soit constitué de parties ou de niveaux hétérogènes qui interagissent en même temps de plusieurs manières différentes, faisant émerger des propriétés sémantiques nouvelles ; son appréhension appelle dès lors à un certain décloisonnement théorique et disciplinaire. Le colloque sera ainsi l’occasion d’articuler les approches thématiques de l’œuvre simonienne avec des approches plus formelles, afin de penser la complexité des ouvrages de Simon en abordant simultanément leur inscription dans un contexte historique précis, leur ancrage théorique et générique, leurs soubassements énonciatifs, leur fonctionnement référentiel, leur contenu isotopique, leur texture linguistique.